Bruno Retailleau, toujours plus loin dans la rhétorique raciste !

« A bas le voile » : Retailleau surenchérit dans l’islamophobie, il faut une riposte antiraciste et ouvrière !

Le gouvernement et l’extrême-droite ont déversé leur haine islamophobe lors d’un meeting, organisé par une organisation pro-Israël. Un événement adoubé par Retailleau, qui vient couronner le regain de l’offensive islamophobe dans le pays.

« A bas le voile » : Retailleau surenchérit dans l'islamophobie, il faut une riposte antiraciste et ouvrière !

Crédits photo : Compte X de @AgirEnsemble

Ce mercredi 26 mars, au Dôme de Paris, 2000 personnes ont assisté au meeting « Pour la République… La France contre l’islamisme ». Les organisateurs ? L’association #AgirEnsemble, soi-disant apolitique, en réalité branche française du réseau Elnet (European Leadership Network), un lobby pro-Israël actif en Europe et aux Etats-Unis. A la tribune, Bruno Retailleau, Manuel Valls, Jean-Michel Blanquer, Raphaël Enthoven, Rachel Khan, Eugénie Bastié ou encore Ben le Patriote. Une constellation qui va des influenceurs d’extrême-droite jusqu’aux plus hautes sphères du gouvernement.

Toujours plus loin dans la rhétorique raciste

Le ministre de l’Intérieur était la vedette de la soirée. Une standing ovation a accueilli son discours, qui reprenait sans surprise toutes les marottes de l’extrême-droite, dans la lignée de l’affiche du meeting : « L’islamisme n’aime pas les femmes, les juifs, les homosexuels, les journalistes, les policiers, la liberté … C’est un totalitarisme qu’il faut combattre ! » Retailleau, candidat à la présidence de son parti face à Laurent Wauquiez, a donc martelé qu’il n’y avait « qu’un seul communautarisme, un seul séparatisme qui menace la République, c’est l’islamisme », qu’il considère comme l’un des visages de l’antisémitisme avec « celui, politique, des Insoumis ».

Une offensive dans la continuité de la campagne en cours contre LFI, après laquelle Retailleau a réaffirmé que « le voile ne sera jamais une marque de la liberté car c’est un vrai marqueur de la soumission » et qu’« il n’a rien à faire dans les compétitions sportives », concluant : « à bas le voile ! ». Une saillie islamophobe digne des meetings de l’extrême-droite les plus durs, pour défendre le projet de loi visant à interdire le port du voile dans le sport.

Les autres intervenants ont enchaîné les déclarations réactionnaires, comme le note Libération. Outre Manuel Valls qui a pu défendre son bilan raciste sous le mandat de Hollande, Mona Jafarian, cofondatrice du collectif Femme Azadi en défense des droits des femmes iraniennes, a dénoncé « l’émergence de mouvements intersectionnels dans le féminisme », qui ferait des militantes « les idiotes utiles des islamistes ». L’avocat Thibault de Montbrial, lié au milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, s’est lancé dans un délire digne des croisades, appelant à « mettre en avant nos héros de l’histoire millénaire française, Charles Martel, Saint-Louis », et à « défendre les valeurs d’un peuple aux racines judéo-chrétiennes ». Quant à Éric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël, il a nié la réalité du génocide à Gaza expliquant : « Il manquait aux Palestiniens quelque chose pour être à égalité avec les Juifs, et ils l’ont trouvé avec ce récit d’un génocide, pour leur permettre de dire qu’ils ont droit aussi à avoir un État dans cette région ».

Un lien avec la guerre en Palestine loin d’être anodin, puisque Elnet, organisation à l’origine du meeting a l’habitude d’organiser des voyages en Israël tous frais payés pour les personnalités politiques. D’après Mediapart, une centaine de députés et sénateurs, républicains et macronistes, ont profité de ces séjours depuis 2017. Valls et Retailleau, quant à eux, collaborent de longue date avec l’organisation, qui a grandement contribué à propager la rhétorique israélienne en France, prônant leur droit à se défendre et faisant du conflit israélo-palestinien une guerre civilisationnelle. Rien d’étonnant à ce que cette organisation réactionnaire mette une telle rhétorique au centre de son événement.

Le couronnement d’une offensive islamophobe en plein regain

Le meeting islamophobe de ce mercredi vient ainsi parachever le regain de l’offensive raciste du gouvernement contre les musulmans. Ces derniers mois, les campagnes racistes s’enchaînent, de l’offensive contre l’humoriste Merwane Benlazar, viré de France 5 pour avoir porté une barbe et un bonnet, qui lui donnaient un « look frérosalafiste » d’après l’extrême-droite, aux accusations rendant les musulmans responsables d’une pénurie d’œufs. Des attaques aux conséquences très concrètes, comme le montre l’incendie d’une mosquée dans le Loiret ou le dépôt d’une tête de porc dans un immeuble à Brest.

En parallèle, la répression des soutiens de la Palestine a permis de redoubler l’offensive déjà en cours contre les musulmans, en ciblant notamment plusieurs imams. Au début du mois, le tribunal correctionnel de Meaux a ainsi condamné Abdourahmane Ridouane, le Président de la mosquée de Pessac, à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, deux ans d’interdiction de résider sur le territoire français et une inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes. Ce mardi, le tribunal judiciaire de Marseille jugeait Smaïn Bendjilali, ancien imam de la mosquée des Bleuets, contre lequel ont été requis six mois de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction des droits civiques et l’inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes. Si les deux hommes sont visés pour « apologie du terrorisme » sur la base de publications sur les réseaux sociaux, ils sont surtout coupables d’avoir dénoncé le génocide en cours dans la bande de Gaza.

Des attaques qui avaient déjà commencé avec l’expulsion de l’imam Mahjoub Mahjoubi il y a un an ou de Hassan Iquioussen, dans le cadre de procédures brutales, s’asseyant sur les droits élémentaires des étrangers. Des offensives malheureusement souvent ignorées par les organisations du mouvement ouvrier et la gauche, au même titre que le passage de la loi séparatisme ou la dissolution du CCIF, qui ont constitué des sauts décisifs dans la répression et la persécution qui vise les musulmans en France.

Alors que se tiennent « des meetings d’extrême droite anti-musulmans où des ministres interviennent dans le plus grand des calmes pour insulter toute une communauté », comme le dénonce Anasse Kazib, lui aussi poursuivi pour son soutien à la Palestine, il est urgent d’organiser une riposte antiraciste d’ampleur. La marche du 22 mars était une réussite, mais n’était qu’une première étape : il faut réunir tous les secteurs du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires contre une réaction qui se fait de plus en plus violente, en France et à l’international. Une mobilisation dans laquelle les organisations du mouvement ouvrier ont un rôle décisif à jouer, au service d’un combat qui est au cœur de la lutte contre l’extrême-droite et la radicalisation des partis du régime.