Mohamed El Mimouni, Français d’origine marocaine, consacre depuis 1997 sa vie à aider les autres en tant que pompier volontaire. Mais derrière cet engagement de plus de vingt-cinq ans se cache une réalité sombre : celle d’une lutte contre les discriminations systémiques au sein même du service public.
Dès ses débuts, El Mimouni est confronté à des propos racistes émanant de la hiérarchie. Dans l’Orne, un chef de centre lui aurait lancé : « Il n’y aura pas un Arabe dans ma caserne ». Malgré cela, il parvient à être affecté dans cette même caserne après avoir interpellé la direction. Mais les tensions persistent.
En 2018, son épouse crée une page Facebook intitulée « Moi, Momo, je dénonce », où sont documentés les propos et comportements discriminatoires subis. Deux ans plus tard, cette prise de parole lui vaut une lourde conséquence : son engagement en tant que sapeur-pompier volontaire n’est pas renouvelé.
Pourtant, en 2022, la justice française lui donne raison et ordonne sa réintégration. Mais le répit est de courte durée. Installé dans les Hautes-Pyrénées, il postule à la caserne de Lourdes. L’entretien est concluant, les tests physiques sont validés, et il entame même une première session de formation. Mais très vite, un membre de la commission s’oppose à sa candidature en découvrant qu’il est à l’origine d’une plainte contre le SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours ) — un casier… en tant que plaignant.
Lors de l’échange, une question glaçante lui est posée : « Comment allez-vous réagir si un collègue vous fait une remarque ? » Une formulation qui sous-entend le problème : son intégration serait problématique non pas à cause de ses compétences, mais parce qu’il a osé dénoncer le racisme.
Une exclusion silencieuse, mais brutale
« Français, né ici, ayant grandi ici, formé ici – mais avec un nom qui peut vous coûter une sélection dès l’ouverture de la lettre », s’indigne-t-il dans une tribune relayée par Mediapart. Mohamed El Mimouni affirme ne rien regretter, mais il constate amèrement que dénoncer les discriminations peut coûter une carrière entière, même dans un service censé incarner la République et ses valeurs.
Aujourd’hui, il ne croit plus pouvoir reprendre sa mission de pompier. Mais il refuse de se taire. « Il faut que cela change. On ne peut pas laisser passer des décisions aussi injustes, pour ceux qui arrivent », martèle-t-il, décidé à poursuivre son combat en justice.