Ces 26 et 27 mars, le gouvernement de Benyamin Nétanyhaou accueille une Conférence internationale de lutte contre l’antisémitisme. Un événement auquel participent des responsables politiques de mouvements ou de partis d’extrême droite étrangers, dont Jordan Bardella ou Marion Maréchal. La presse israélienne, à la quasi-unanimité, s’indigne de leur présence.
A priori, la conférence de deux jours qui a lieu à Jérusalem, en pleine crise de régime, n’aurait pas de quoi fouetter un chat. Sauf que, parmi les personnalités étrangères invitées à prendre la parole lors de cet événement, coorganisé par Amichai Chikli (ministre de la Diaspora et de la Lutte contre l’antisémitisme) et Gideon Saar (ministre des Affaires étrangères), “les responsables d’organisations et de mouvements populistes, ultranationalistes, d’extrême droite, voire antisémites se taillent la part du lion”, écrit Itamar Eichner dans Yediot Aharonot (droite indépendante). “Il suffit de se rendre sur le site officiel de la conférence pour que les bras nous en tombent”, poursuit le journaliste.
Et d’égrener les noms de quelques intervenants, parmi lesquels Jordan Bardella (Rassemblement national), Marion Maréchal (Identité Libertés), Milorad Dodik (SNSD, entité serbe de Bosnie), Hermann Tertsch (Vox, Espagne), Mike Evans (chrétien évangélique, États-Unis), Sebastiaan Stöteler (PVV, parti de Geert Wilders, Pays-Bas), etc.
“L’initiative pourrait prêter à rire”
Certes, depuis quelques a
Mélange des genres
Au fil des tables rondes se dessinent des passions communes : «Comment le progressisme est devenu captif de l’antisémitisme», «Comment l’islam radical alimente-t-il l’antisémitisme en Occident ?» Pour le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, de visite en Israël depuis mardi, l’évènement est surtout une opportunité d’abandonner en grande pompe et en terre sainte le fantôme encombrant du Front national, créé en partie par d’anciens collaborateurs de l’Allemagne nazie, et de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, condamné pour antisémitisme et négationnisme.
Présenté comme un leader européen en devenir, Bardella monte sur scène à 16h30, précédant un discours du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. De retour de deux jours de visite autour des lieux de commémoration du 7 octobre, il a dressé un parallèle entre l’assaut sanglant du Hamas en 2023, revendiqué comme un acte de résistance à l’occupation israélienne, et des attaques menées par des organisations terroristes à l’international : «En l’espace de quelques heures, Israël a vécu son 11 septembre 2001 et son Bataclan, en référence à ce soir de novembre 2015 où des Français furent décimés par dizaines», affirme le président du RN. Hamas, Etat islamique et Al-Qaeda, mis, donc, sur un pied d’égalité. Tous rangés ce jour par l’extrême droite sous la bannière d’un «islamisme radical». Mais le mélange des genres ne s’arrête pas là : l’idéologie de l’organisation au pouvoir à Gaza, avance Bardella, serait présente sur le sol français. «Vous combattez ici, entre autres, le Hamas. Nous combattons, nous, la présence de ses idées et de ses soutiens sur le sol de France», lance-t-il.
Dans son discours, nulle mention du peuple palestinien où des plus de 50 000 personnes tuées selon le ministère de la Santé à Gaza. La veille, le député européen avait pourtant pu entendre et voir les frappes de l’armée israélienne dans l’enclave lors de sa visite des lieux de la rave-party du festival Tribe of Nova. Comme Arno Klarsfeld, le leader l’extrême droite n’a, en revanche, pas manqué une occasion de fustiger les insoumis, dénonçant en France et ailleurs une «lune de miel mortelle entre l’islamisme et la gauche extrême».