Un tract appelle les fidèles à faire barrage à une possible venue d’Alain Claeys à la mosquée de Poitiers, en cette fin de ramadan. Ce blocage fait débat au sein même de la communauté musulmane.
Alain Claeys s’est-il pris les pieds dans le tapis à la mosquée ? C’est ce que pousse à croire un tract distribué depuis quelques jours à la mosquée de Poitiers. Signé par « Des fidèles en colère », le tract fait part de leur indignation de voir Alain Claeys, l’ancien maire, venir à la mosquée pour « fêter » la fin du ramadan avec les fidèles. « L’imam nous a tenus au courant des visites de la maire de Poitiers mais aussi d’Alain Claeys, d’ici la fin du ramadan, expliquent les fidèles qui souhaitent préserver leur anonymat. Pour la maire, nous comprenons cette venue en sa qualité d’élue. Nous sommes républicains. Mais pour monsieur Claeys, au nom de quoi doit-il venir ? »
« Moins gêné d’importer sa récupération politique dans un lieu de culte »
L’ancien maire a toujours eu ses entrées à la mosquée durant ces deux mandats successifs. Il indique même être venu lors des derniers ramadans. Alors, pourquoi celui de 2025 ne passe pas ? Le tract explique : « Cet homme si prompt à dénoncer au procureur de la république une fresque rappelant un génocide en cours, semble beaucoup moins gêné d’importer sa récupération politique dans un lieu de culte. » Une saisie qui avait été conjointement effectuée par plusieurs élus pour signaler des faits susceptibles de constituer un délit.
Le tract poursuit : « Lui et ses alliés ont refusé d’accorder une subvention à une association qui milite pour le droit des Palestiniens et contre le génocide en cours. » Les quelques fidèles en colère développent leur pensée : « Cette situation à Gaza nous rend malade. Monsieur Claeys est libre de ses mots et de ses choix politiques sur le sujet. Mais qu’il ne vienne pas essuyer ses chaussures ici, dans notre lieu intime. »
Perçue comme une « provocation » par ces fidèles, la venue de l’ancien maire a été contestée auprès de l’imam Boubaker El Hadj Amor. Ce dernier a sondé ses fidèles lors d’un vote à mains levées, mardi 25 mars 2025 au soir. « Une cinquantaine de mains se sont élevées contre, constate l’imam. J’ai compris qu’il n’était pas la peine d’en faire un sujet de tension. Ce n’est ni le moment, ni le lieu. »
Un acte qui divise la communauté musulmane
L’ancien maire ne viendra donc pas. Une conséquence qui ne fait pas l’unanimité au sein même de la communauté musulmane. « Cet acte-là engage tous les musulmans. Or, il faut prendre de la hauteur sur ce mouvement. Beaucoup de musulmans de Poitiers ne se sont pas prononcés lors de ce pseudo-vote à la mosquée. Nous sommes beaucoup à accepter la venue d’Alain Claeys », observe Bouziane Fourka, fidèle musulman et élu d’opposition au sein du même groupe qu’Alain Claeys.
L’élu lui-même avoue ne pas être toujours d’accord avec l’ancien maire sur le sujet de la cause palestinienne. Pour preuve, il était le seul élu d’opposition à voter en faveur d’un vœu sur la demande d’un cessez-le-feu à Gaza, lors du conseil municipal du 11 décembre 2023. Il poursuit : « Il aurait été plus courageux d’inviter Alain Claeys à échanger sur ces sujets à la mosquée. »
Un texte de l’élu sera lu
De son côté, Alain Claeys soulève « une petite opération politique de l’extrême gauche » à son encontre. « Cela fait 20 ans que je viens faire un salut républicain lors du ramadan. Je n’ai jamais cherché à instrumentaliser électoralement la communauté musulmane, assure-t-il. Je devais venir vendredi mais l’imam m’a prévenu. Je les laisse donc dans le calme et l’apaisement. » L’ancien maire informe avoir écrit un texte de salutations à la communauté musulmane. Celui-ci sera lu aux fidèles par l’imam vendredi 28 mars.