Etudiante Gazaouie : L’antisémitisme sélectif d’Europe 1 (CNews) : quand la lutte devient à géométrie variable

 


Depuis le rapprochement éditorial entre Europe 1 et CNews, une ligne politique s’est affirmée, faite de prétentions à la « déconstruction des tabous » et de défense rigide d’un certain « ordre civilisationnel ». Au nom de cette posture, la chaîne dit lutter contre l’antisémitisme. Mais cette lutte, pourtant cruciale, semble de plus en plus instrumentalisée à des fins idéologiques. Loin d’être cohérente et universelle, la dénonciation de l’antisémitisme sur ces antennes est sélective, politisée, voire cyniquement exploitée.

Une indignation à géométrie variable

Sur CNews et Europe 1, l’antisémitisme est dénoncé avec virulence… lorsqu’il peut être attribué à des figures musulmanes, arabes ou issues de la gauche radicale. La vigilance, dans ce cas, est maximale : débats en boucle, éditos alarmants, interviews musclées, tribunes indignées. Qu’un rappeur, un militant ou un élu LFI tienne des propos jugés ambigus, et l’affaire devient nationale.

Mais que se passe-t-il lorsque l’antisémitisme vient de l’extrême droite, des milieux complotistes ou de certains chroniqueurs proches de l’antenne ? L’indignation se fait soudainement plus discrète. Les silences sont pesants, les protestations tièdes, les mises en garde souvent absentes. Pire, certains invités aux propos douteux sont accueillis avec bienveillance, sous couvert de « liberté d’expression » ou d’« analyse géopolitique non-conformiste ».

Quand l’antisémitisme devient une arme politique

Ce traitement sélectif transforme l’antisémitisme en outil politique. Il n’est plus combattu pour ce qu’il est — une haine spécifique, violente, mortifère — mais mobilisé pour attaquer certaines communautés ou mouvances. En particulier, les musulmans sont souvent pointés du doigt comme porteurs naturels d’un antisémitisme supposé « culturel » ou « endémique », essentialisant au passage toute une population.

Cette lecture oublie que l’antisémitisme, comme toute haine raciale, transcende les religions et les appartenances politiques. Il se niche aussi bien chez certains islamistes que chez des suprémacistes blancs, des ultra-catholiques, des antisionistes obsessionnels, ou des nostalgiques du régime de Vichy. À vouloir circonscrire l’antisémitisme à un seul camp, on en nie la complexité et l’universalité — et on en banalise les autres formes.

Une lutte crédible exige la cohérence

La lutte contre l’antisémitisme mérite rigueur, constance, et honnêteté intellectuelle. On ne peut pas, d’un côté, dénoncer Dieudonné ou le Hamas avec raison, et de l’autre, rester muet face aux propos antisémites d’Éric Zemmour sur le maréchal Pétain « sauvant les juifs français », ou inviter sans broncher des figures d’extrême droite aux références douteuses sur la Shoah, la banque juive ou le « lobby sioniste ».

Ce deux poids deux mesures n’affaiblit pas seulement la cause de la lutte contre l’antisémitisme — il la discrédite totalement. Car en fin de compte, si l’indignation dépend de l’identité de l’auteur ou de son camp politique, ce n’est plus de morale dont on parle, mais d’idéologie.

Europe 1 et CNews prétendent œuvrer pour la vérité et la lutte contre la haine. Mais en pratiquant un antisémitisme sélectif, elles ne combattent pas la haine : elles la recyclent au profit de leur agenda. Défendre les juifs contre l’antisémitisme ne doit jamais servir à attiser la haine contre d’autres. La cohérence est la seule voie crédible. Sans cela, ce n’est pas l’antisémitisme que l’on combat — mais seulement ceux que l’on choisit d’accuser.