Halal et E. coli : Aucune corrélation scientifique

Des traces de la bactérie E.Coli ont effectivement été trouvées dans plusieurs boucheries dont l’activité est suspendue à Saint-Quentin

Sur cette photo datant de juillet 2024, la boucherie « La Fayette » est identifiée comme vendDes traces de la bactérie E.Coli ont été retrouvées dans les cinq boucheries qui restent fermées actuellement, dont la boucherie « La Fayette « en illustration. – Photo : Google Street View.

C’était dans de nombreux esprits à Saint-Quentin. La préfecture de l’Aisne confirme que la bactérie E.Coli, responsable de 30 cas d’intoxication alimentaire, donc le décès d’une fillette de 11 ans, provient bien des boucheries toujours suspendues préventivement, dont certaines commercialisaient de la viande halal.

Le dernier point journalier de la préfecture de l’Aisne au sujet de l’intoxication est sans appel sur ses causes : « Les premiers résultats des analyses réalisées par séquençage génomique par le laboratoire national de référence (LNR) et le centre national de référence (CNR) de l’Institut Pasteur apportent la preuve irréfutable d’une correspondance entre les bactéries retrouvées au sein de plusieurs des boucheries ou de la viande qu’elles ont commercialisée et les bactéries retrouvées sur plusieurs malades. Ces résultats permettent d’établir un lien biologique formel entre le lieu d’approvisionnement et la contamination des malades. »

Par mesure de précaution, la préfecture a prononcé, entre le 19 et le 22 juin, la fermeture administrative de 6 boucheries. « Les enquêtes alimentaires réalisées depuis, au fur et à mesure des nouveaux cas confirmés, ont continué à converger vers la consommation de produits achetés dans une ou plusieurs de ces boucheries comme source de contamination commune », indique encore la préfecture axonaise. Les premiers prélèvements menés dans les 6 établissements ont permis d’exclure formellement le rayon d’Intermarché Gauchy comme source de contamination possible. « La mise en évidence de points communs de consommation entre les malades ainsi que l’absence de nouveaux cas avec symptômes récents depuis plusieurs jours ont conforté les sources de contamination ciblées. Les résultats du séquençage génomique viennent confirmer le lien biologique formel de contamination entre les lieux d’approvisionnement et les malades », souligne ainsi l’autorité préfectorale.

 Boucheries toujours fermées

À ce jour, 5 boucheries halals sont toujours fermées administrativement. Il s’agit de « La Direction », boulevard Henri Martin ; la boucherie « Family », 3 bis boulevard Gambetta ; la boucherie « El Baraka », 52 avenue Robert Schuman et la boucherie « La Fayette », 100 rue Raspail. L’activité du rayon boucherie du supermarché TMS Destock/ TMS market, 4 rue du 19 mars 1962. Plusieurs de celles-ci commercialisent de la viande halal.

Pour autant, pour le moment, il n’est pas possible d’incriminer un fournisseur ou un abattoir en particulier. Les investigations se poursuivent afin de déterminer la cause initiale de cette intoxication qui sème une panique réelle chez les consommateurs.


Halal et E. coli : aucune corrélation scientifique

Ces dernières semaines, certains discours ont tenté d’associer la viande halal à la présence de la bactérie Escherichia coli (E. coli), suscitant peur, confusion et amalgames. Il est pourtant fondamental de rappeler qu’aucune étude scientifique sérieuse ne démontre de lien entre l’abattage halal et la contamination par E. coli. Cette idée repose sur des préjugés infondés, non sur des faits.

Qu’est-ce que la bactérie E. coli ?

La bactérie Escherichia coli est naturellement présente dans l’intestin des êtres humains et des animaux. La majorité des souches sont inoffensives, mais certaines peuvent causer des infections alimentaires si la viande est contaminée et mal cuite. La présence d’E. coli est donc principalement liée :

  • à des conditions d’abattage et de transformation non hygiéniques,
  • à un manque de contrôle sanitaire,
  • à une mauvaise conservation ou cuisson de la viande.

Le halal : un mode d’abattage encadré

L’abattage halal, pratiqué selon les préceptes religieux musulmans, est strictement encadré en France. Il respecte les mêmes normes sanitaires que les autres types d’abattage, qu’il soit conventionnel ou kasher. Tous les établissements agréés doivent se soumettre à :

  • des inspections vétérinaires,
  • des normes HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point),
  • une traçabilité stricte de la chaîne de production.

Autrement dit, la méthode halal ne change en rien les exigences d’hygiène ou de sécurité alimentaire imposées par les autorités françaises et européennes.

Les sources de contamination n’ont rien à voir avec la méthode halal

La contamination par E. coli peut se produire à toutes les étapes de la chaîne, quelle que soit la méthode d’abattage :

  • au moment de l’éviscération si les intestins sont mal manipulés,
  • lors du transport ou du stockage si la chaîne du froid est rompue,
  • lors de la préparation domestique si la viande est mal cuite.

Ces risques concernent toute la viande, qu’elle soit halal, non halal, bio ou industrielle.

Derrière l’amalgame : un discours discriminatoire

Lier le halal à E. coli sans preuve revient à diffuser une rumeur discriminatoire à l’égard des musulmans. C’est une désinformation qui entretient la stigmatisation d’une pratique religieuse parfaitement légale, réglementée, et répandue dans de nombreux pays à travers le monde.

Conclusion

Il n’existe aucun fondement scientifique à l’idée que le halal serait une source particulière de bactéries comme E. coli. Ce type de rumeur nuit à la cohésion sociale, à la confiance dans les filières alimentaires et à la vérité. Il est donc essentiel de combattre les préjugés avec des faits et de rappeler que la sécurité sanitaire dépend de la rigueur des contrôles, non de la confession des consommateurs.