Selon une estimation, au moins 5 000 personnes se convertissent à l’islam chaque année

Nous avons pu assister à l’un des rares groupes de parole organisés sur ce thème par l’Église catholique, au diocèse de Créteil (Val-de-Marne). Si ces parents s’interrogent après ce choix de leur enfant, le mot de tolérance revient souvent dans la discussion.

« Maman, je ne crois plus en Dieu. La Vierge Marie, les chapelets, l’église, ce n’est plus mon truc. Je suis en train de me convertir à l’islam. » Lorsque la fille de Delphine (les prénoms ont été changés) annonce la nouvelle à sa mère, le sol se dérobe sous les pieds de cette catholique fervente.

LeParisien

Regain de spiritualité, recherche d’une communauté, mariage… Les principales raisons de la conversion à l’islam

Il n’existe pas de données précises sur les conversions à l’islam en France, mais les spécialistes avancent un chiffre : 5 000 par an. Les raisons sont variées.

À Pâques, l’Église catholique a pu fanfaronner : le nombre de catéchumènes, c’est-à-dire les adultes athées choisissant de se baptiser, a battu un nouveau record avec 10 384 baptêmes, dépassant le chiffre de 7 135, établi l’an dernier.

Qu’en est-il pour l’islam, l’autre grande religion dans l’Hexagone, qui compterait environ 5 millions de fidèles ? « La conversion à l’islam est un phénomène qui passe sous les radars », reconnaît-on au ministère de l’Intérieur, dont dépendent les cultes. Notamment parce qu’il « n’existe pas de service centralisé qui compile les données, à l’image des registres de baptêmes examinés par la Conférence des évêques de France (CEF) », note Franck Frégosi, sociologue, auteur de « Gouverner l’islam en France » (2025, Éd. du Seuil).

Quand William a commencé à ne plus manger de porc, sa maman s’est « doutée de quelque chose », se remémore-t-il en souriant. D’origine portugaise, catholique pratiquante, elle était loin d’imaginer que son fils se convertirait à l’islam l’an dernier. Cet habitant de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), 20 ans, fait partie des 5 000 Français — une estimation, puisqu’il n’existe pas de registre précis — qui deviennent musulmans en passant par le rite de la conversion, chaque année.

« J’ai grandi dans une famille d’accueil catholique, mais nous n’allions jamais à la messe le dimanche. Je n’avais aucun lien avec la religion », rembobine le jeune homme, aujourd’hui alternant dans une société informatique. À 16 ans, l’un de ses amis se convertit. « Je me suis demandé pourquoi, mais sans aller plus loin », se souvient William, qui reconnaît qu’à l’époque, il se « cherche ».