Qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier ?

Qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier ? Est-ce la calvitie qui pousse les hommes à mettre des couvre-chefs ou est-ce de se couvrir la tête qui les rend chauves ? L’alcoolisme favorise-t-il les infidélités conjugales ou sont-ce les tromperies qui déclenchent l’ivrognerie ? Ces interrogations sont particulièrement futiles comparées à d’autres, plus sérieuses de par leurs motifs et leurs conséquences : le droit du sol américain revient-il aux cowboys immigrés d’Europe ou aux indiens à plumes locaux ? QUI, au siècle dernier, a commencé les hostilités et le terrorisme en Palestine et s’y est installé arbitrairement avec le renfort d’états colonisateurs ? Qui entre les Français et les Algériens a envahi (et colonisé) l’autre et s’est efforcé de « grand remplacer » les mœurs locales par les siennes ? Les violences faites aux femmes résultent-elles de leur attitude ou de leur vulnérabilité intrinsèque ? Dans les questions que l’on pose sur les sujets sensibles, pour éviter les réprobations et les poursuites, est-il préférable de s’extérioriser imprudemment ou de suggérer malicieusement les réponses ?
S’ils ont désormais le mauvais goût de s’adonner à l’humour machiste honni des milieux bien-pensants,[1] les hommes sont illico taxés de misogynie. Dorénavant, le monde « civilisé » estime inapproprié de colporter la moindre plaisanterie du style « il faut battre les femmes, car si on ne sait pas pourquoi, elles le savent » ou d’ironiser, comme l’humoriste et ex-animateur de télévision Tex, « vous savez c’qu’on dit à une femme qu’a déjà les deux yeux au beurre noir ? On ne lui dit plus rien, on vient déjà d’lui expliquer deux fois ! ». Les brutalités masculines envers les femmes doivent être condamnées d’emblée, sans se préoccuper du motif des « corrections ». Aucune circonstance atténuante ne doit être concédée à ceux qui sont incapables de supporter les bravades de celles qui s’évertuent à les exaspérer. Le sexe fort doit en tous cas ménager la susceptibilité de la gent féminine et supporter gentiment ses frivolités et ses caprices.[2] Ceux qui considèrent qu’il n’y a pas de fumée sans feu et qui doutent qu’un individu puisse passer à l’acte sans être préalablement poussé à bout ne peuvent être que d’odieux misogynes et d’incorrigibles machos.
Hormis pour les cas de déficience mentale, les tragédies de couple frappent surtout ceux qui ont préféré se chamailler à répétition plutôt que de rompre à l’amiable avant que les situations ne dégénèrent. À notre époque et partout dans le monde, il y a toujours beaucoup d’hommes qui maltraitent les femmes et commettent des féminicides. Ce penchant pour la brutalité, tout comme celui pour les agressions sexuelles, est exagérément amplifié par les médias, les politiques et les identitaires. Ils affectionnent malhonnêtement de les attribuer, systématiquement et exclusivement aux « exotiques » d’apparence, d’origine ou de religion, et les occultent généralement lorsqu’il s’agit de leur propre groupe ethnique ou religieux. En exagérant les défauts et en occultant les qualités des communautés qu’ils abominent, ils se complaisent à attiser la haine du petit peuple, à le dissuader du vivre-ensemble avec ceux qui sont différents et l’encourage à s’adonner à de fâcheuses hostilités.
Il est avéré que certains foyers privilégient les « mâles » sur les « femelles », autorisant tout aux uns et prohibant tout aux autres. Il est tout autant indéniable que de nombreuses femmes subissent des brimades de la part des tenants masculins de leur famille, que ce soit leur père, leur mari, leur frère ou leur fils. Ceux-ci légitiment leurs comportements protecteurs pour astreindre à plus de retenue celles qui se montrent affriolantes voire aguicheuses, par ingénuité, par faiblesse ou par provocation. Sous prétexte d’émancipation féminine et d’égalité homme-femme, le féminisme en vigueur considère le protectionnisme familial comme une atteinte aux libertés individuelles et les exhibitions érotiques comme des avancées en matière de mœurs. En dénonçant à raison les exubérances de certains influenceurs musulmans, les plus outranciers incriminent néanmoins à tort leur religion de référence laquelle a pourtant accordé aux femmes un statut social et juridique jusqu’alors inaccessible.[3]
À la lumière des « vérités » d’aujourd’hui, en fonction des fantaisies de la mode et des tergiversations de l’opinion publique, certains usages jadis normaux et bienséants sont devenus anormaux et choquants – tout comme l’inverse – et pas seulement en matière de mœurs ou d’identité sexuelle. Par exemple, avant d’être abominé aujourd’hui, l’esclavage était monnaie courante il y a deux siècles, compte tenu de son ancrage dans la société et de son intérêt économique. L’abolition n’ayant abouti que très récemment, faciliter l’émancipation des esclaves prônée par le Prophète de l’Islamص il y a 14 siècles fut une avancée considérable.[4] Idem pour les violences masculines envers les femmes.[5] Pour protéger les femmes, l’Islam a préconisé la discrétion et le port d’un voile[6] en dépit des voyeurs et autres obsédés sexuels qui le déplore. Sachant que la plupart des dames du commun ne veulent pas être importunées par les hommes,[7] discréditer la pudeur en prônant une totale liberté de mœurs pour ensuite déplorer les comportements excessifs de ceux qu’on aura pervertis est plutôt contradictoire, sauf pour ceux qui soutiennent bec et ongles que les poules n’ont absolument rien à voir avec les omelettes ?
[1] Chanson humoristique machiste du Nord de la France. – Les Capenoules – Tout ch’ti qui… (traduction en français)
[2] « Les femmes des Arabes du désert enseignaient à leurs filles à mettre leurs maris à l’épreuve. La mère disait à sa fille : « Expérimente ton mari avant de faire la fière et l’insolente avec lui : enlève le fer à la partie inférieure de sa lance, s’il se tait, use de son bouclier pour y couper la viande ; s’il se tait encore, casse les os avec son sabre et s’il garde encore le silence, mets-lui un bât sur le dos et monte dessus, car il n’est alors autre chose que ton âne » (Al Ghazâlî – Vivification des sciences de la foi 17/3/4).
[3] Le Christianisme a douté que les femmes aient une âme et les a qualifiées d’anomalies avant d’enfin leur concéder un esprit plus proche de l’humain que de l’animal. (Concile de Mâcon (en 545 après J.C.) et selon Augustin d’Hippone, Thomas d’Aquin.)
[4] « À celui qui affranchit un esclave musulman, DIEU affranchira de l’enfer chaque membre correspondant à celui de l’affranchi, même les parties honteuses du corps. » (Boukhary 84/6/1 – 49/1/1).
[5] « Pourquoi l’un de vous frappe-t-il sa femme comme un chameau ou comme un esclave alors qu’un instant après il va l’embrasser ? » (Boukhary 67/93/1 – 78/43/1).
[6] « qu’ils baissent leurs regards et gardent leur chasteté… »  (Coran 24 :30-31) et « ramener sur elles leurs grands voiles » (Coran 33 :59)
[7] « Le meilleur concept pour les mamans »: le carton des fêtes réservées exclusivement aux femmes

Daniel Youssof Leclercq