Le lycée Averroès de Lille serait-il victime d’une forme de discrimination de l’Etat ?

 Le député LFI Paul Vannier estime que le traitement entre les deux établissements privés, l’un catholique, l’autre musulman, n’a pas été équitable

Le lycée Averroès de Lille serait-il victime d’une forme de discrimination de l’Etat ? C’est ce qu’a suggéré le député LFI Paul Vannier, corapporteur d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences et les contrôles dans l’enseignement « J’ai le sentiment d’un deux poids deux mesures assez choquant entre le sort de l’établissement Stanislas, pour lequel il y a des témoignages abondants de violences homophobes, de violences racistes, et dont le contrat d’association perdure et le sort du lycée Averroès de Lille », a argumenté Paul Vannier, lors de l’audition de Dominique Marchand, la directrice de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche (IGESR).

Le lycée musulman lillois Averroès a vu son contrat d’association avec l’État rompu par la préfecture en 2023 pour « des manquements graves aux principes fondamentaux de la République », une mesure rarissime. Le rapport de l’inspection générale de 2020 était pourtant « très favorable » au lycée, a estimé Paul Vannier, dont la commission d’enquête a été lancée dans la foulée du scandale des violences à Bétharram, un établissement privé sous contrat du Béarn.

Des témoignages shuntés

En revanche, pour l’établissement scolaire Stanislas, les procès-verbaux des entretiens menés lors d’une inspection générale avec des parents d’élèves et des élèves avaient fait état d’attitudes racistes et homophobes répétées. Dans un rapport publié en janvier 2024, le ministère de l’Éducation nationale avait ensuite épinglé « des dérives dans l’application du contrat d’association » de l’établissement catholique avec l’État, dont l’obligation de suivre des cours de catéchisme, ce qui est contraire à la loi. Ces révélations avaient amené la Mairie de Paris à suspendre une subvention annuelle, depuis rétablie. Le contrat d’association n’a en revanche jamais été rompu.

Autre mystère, les témoignages faisant état d’attitudes racistes et homophobes répétées ne figuraient pas dans le rapport final de l’inspection générale et même la question de l’homophobie y était « présentée comme révolue » et relevant de l’époque de la « Manif pour tous », a fait remarquer Paul Vannier. Dominique Marchand n’a pas su expliquer pourquoi, tout en faisant valoir que le rapport incriminé faisait état d’une culture d’établissement pouvant « favoriser un climat de rejet et l’homosexualité ».

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La semaine dernière Caroline Pascal, directrice de l’enseignement scolaire (Dgesco) et ex-directrice de l’IGESR avait estimé que le rapport sur Stanislas ne présentait pas de signes d’homophobie « systémique ». De quoi alimenter, effectivement le sentiment d’un « deux poids deux mesures ».

 20minutes