Rapport confidentiel Gouyette-Courtade ou la Chasse aux musulmans actée !

Selon L’Opinion, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, cible désormais la confrérie des Frères musulmans, accusée de vouloir instaurer la charia en France par une stratégie d’entrisme jugée plus dangereuse encore que le salafisme. Un rapport confidentiel Gouyette-Courtade, en cours de déclassification, alerte sur une « menace pernicieuse et progressive » et détaille le fonctionnement d’une « petite pyramide resserrée » au sommet de l’organisation, ses financements opaques et sa stratégie d’influence via associations sportives, cultuelles et éducatives.

Environ 130 à 140 lieux de culte musulmans seraient affiliés. Sont cités : les lycées Averroès (Lille), Al Kindi (près de Lyon), l’Institut de Château-Chinon, ou encore l’ex-CCIF, aujourd’hui actif depuis la Belgique. Les préfets sont appelés à la vigilance sur les listes municipales pour prévenir le clientélisme communautaire.

L’entourage de Retailleau insiste : « La matrice de l’islam politique, ce sont bien les Frères musulmans », dénonçant une « menace de subversion » silencieuse, plus difficile à identifier car « ils ne portent pas de barbes ». La Place Beauvau conclut que si « on ne dissout pas une idéologie », c’est à la République de produire ses anticorps.

La Chasse est ouverte …

Le fait qu’un rapport qualifie toutes les institutions musulmanes françaises de « communautaires », ou pire encore, de « menace pernicieuse », « subversion progressive », est particulièrement grave. Cela soulève plusieurs problèmes :

1. Généralisation dangereuse

Mettre dans le même sac toutes les institutions musulmanes, sans distinction, revient à stigmatiser une communauté entière, ce qui alimente les discours islamophobes et fracture davantage la société. C’est une essentialisation, qui nie la diversité des positions, des projets et des engagements républicains au sein même des structures musulmanes.

2. Confusion entre foi et politique

En qualifiant la pratique religieuse organisée comme une « subversion », on tend à assimiler l’islam en soi à un projet politique ou hostile à la République. C’est une lecture très réductrice et potentiellement instrumentalisée du rôle des cultes dans l’espace public.

3. Conséquences concrètes

Ce type de rapport peut :

  • Justifier un resserrement des contrôles sur les associations musulmanes.

  • Favoriser des fermetures administratives abusives.

  • Créer un climat de soupçon permanent à l’encontre des citoyens de confession musulmane.

  • Dissuader l’engagement associatif ou cultuel.

4. Un paradoxe républicain ?

Si une institution musulmane cherche à s’organiser dans le cadre républicain, à respecter la loi de 1905, et à représenter ses fidèles dans le respect des règles, mais qu’elle est accusée de communautarisme dès qu’elle agit… comment peut-elle exister légitimement ? On est face à un piège discursif, où toute action est suspecte.

5. Une accusation falsifiée

Une situation qui est malheureusement bien réelle dans le climat actuel en France (et ailleurs en Europe aussi). Les représentants d’institutions musulmanes – qu’ils soient imams, responsables associatifs ou membres d’instances de dialogue interreligieux – peuvent être facilement soupçonnés, voire accusés, simplement pour leur engagement ou leurs prises de position perçues comme « trop communautaires ».

Des termes comme « islamiste », « communautariste », « subversif », ou même « menace pernicieuse » sont parfois utilisés de façon floue, voire instrumentalisée, pour délégitimer la parole musulmane dans l’espace public. On assiste alors à une surenchère sémantique où toute affirmation d’identité ou revendication de droits (comme le port du voile, les repas halal, ou la création d’écoles confessionnelles) peut être perçue comme un signe d’hostilité à la République.

Ce phénomène s’inscrit dans une logique de suspicion généralisée, parfois entretenue par des discours politiques ou médiatiques qui floutent la frontière entre islam et islamisme, ou entre pratique religieuse et radicalisation. Cela crée un climat où la parole musulmane est disqualifiée d’avance.