Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a demandé au ministère d’ouvrir discrètement des négociations avec les partis européens d’extrême droite, rompant ainsi avec la politique étrangère « officielle » israélienne.

L’annonce de cette entrevue n’est pas passée inaperçue, malgré la « discrétion » affichée. Jean-Noël Barrot, aurait exprimé un vif mécontentement. Il estime que cette rencontre pourrait être interprétée comme un soutien implicite à des positions qui, dans son esprit, ne devraient pas être défendues au nom d’intérêts nationaux. Il a ainsi dénoncé ce rapprochement, le qualifiant de « provocateur » et de « source de tension supplémentaire » dans un climat déjà fragile.
Mais pourquoi le parti de Macron, qui soutient l’occupant israélien, aurait-il le monopole des alliances avec des fascistes décomplexés ?
Lors d’une rencontre avec les dirigeants de la communauté juive et des organisations pro-israéliennes en Belgique, qui s’est tenue à la fin de sa visite diplomatique à Bruxelles, Sa’ar a détaillé les raisons de ce changement significatif dans la politique étrangère israélienne.
« J’ai donné instruction à mon ministère d’établir des relations avec le Rassemblement national (France), les Démocrates de Suède et Vox (Espagne). Ces relations seront similaires à celles que nous entretenons avec n’importe quel autre parti politique », a déclaré le ministre. « Après avoir examiné la question et entendu l’avis des professionnels, je n’ai pas vu de raison de ne pas le faire. Bien au contraire. »
Le ministre a souligné que son ministère procède à une évaluation rigoureuse de chaque formation politique. « Nous examinons de manière responsable chaque parti au cas par cas. Nous vérifions leurs attitudes envers Israël et leur soutien à notre pays. Nous analysons également leurs positions concernant l’antisémitisme, le négationnisme de l’Holocauste et d’autres questions similaires. »
Sa’ar a reconnu les origines controversées de certains de ces partis mais a insisté sur l’importance d’évaluer leurs actions actuelles. « Certains de ces partis ont des racines problématiques. Mais nous regardons leurs actes sur le terrain aujourd’hui. Dénoncent-ils ou excluent-ils les membres du parti qui tiennent des propos antisémites? C’est un indicateur substantiel. »
Dialogue sur les questions de vie juive
Le ministre a également évoqué l’importance du dialogue sur les questions religieuses. « Nous menons un dialogue sur les questions de vie juive comme la circoncision rituelle et la shehita (abattage rituel). Nous ne voulons pas renoncer à des amis en Europe, mais nous ne voulons pas non plus légitimer des partis qui renforcent les phénomènes néo-nazis. » Sa’ar a conclu en soulignant que, bien que la décision finale revienne au gouvernement israélien, un dialogue est maintenu avec les dirigeants des communautés juives sur ce sujet sensible. Cette décision marque un tournant dans la politique israélienne, qui avait jusqu’alors maintenu une distance officielle avec plusieurs formations d’extrême-droite européennes, malgré leurs positions souvent pro-israéliennes sur les questions de politique étrangère et de sécurité.
Le réalisateur britannique Jonathan Glazer:« Aujourd’hui la Shoah et la sécurité juive sont utilisées pour justifier les massacres et nettoyages ethniques à Gaza » pic.twitter.com/JZav45bR6o
— Oumma.com (@oumma) March 1, 2025