Invité de l’émission «C ce soir» ce lundi 6 janvier, l’écrivain Aurélien Bellanger connu pour ses critiques envers la gauche laïque s’en est pris à l’hebdomadaire satirique décimé il y a dix ans par les frères Kouachi. «On savait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec Charlie Hebdo», a-t-il déclaré
À la question posée par l’émission («10 ans après, toujours Charlie ?»), Aurélien Bellanger a répondu par une critique méthodique des collaborateurs de l’hebdomadaire satirique, y compris ceux tombés sous les balles des terroristes, les accusant même de «relents islamophobes».
Aurélien Bellanger a séparé «deux Charlie», distinguant l’esprit originel de l’hebdo créé en 1970 en remplacement du magazine Hara-Kiri, puis «un autre Charlie qui n’était plus trop lu» après les «années 1980». Il a ensuite regretté que l’attentat commis contre les membres de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 ait empêché de critiquer le journal, estimant que «cette tragédie nous a un peu obscurci les yeux sur plein de choses».
Plus précisément, reprend-il en s’en prenant cette fois nommément à celui qui a dirigé Charlie Hebdo de 1992 à 2009, « On savait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec Charlie Hebdo. On savait qu’avec Philippe Val […] il y avait des relents un peu islamophobes.»
«Une façon de montrer la supériorité de l’Occident»
Aurélien Bellanger a ensuite critiqué le choix fait par Charlie de republier en 2006 les caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, estimant que ce choix était une forme de geste suprémaciste : «On sait que la publication des caricatures obéissait à une dynamique compliquée qui, à défaut d’être directement islamophobe, était une façon de montrer la supériorité de l’Occident parce que nous, l’Occident, nous avions l’ironie », a-t-il lancé. « Charlie Hebdo est devenu la pointe avancée du combat de l’Occident parce que l’Occident était capable d’une ironie dont les autres n’étaient pas capables».
Aurélien Bellanger, ce faisant, a justifié ainsi son dégoût à l’idée de manifester en soutien à Charlie Hebdo au lendemain des attentats : «Spontanément, ma réaction était de ne pas aller à la manifestation du 11 janvier», a-t-il expliqué, en raison de sa réprobation à l’égard des choix éditoriaux de l’hebdomadaire.
À la suite de ses propos, la chroniqueuse Laure Adler a fait observer à l’écrivain : «Ce n’était peut-être pas une raison pour aller les assassiner, Aurélien».
