L’annonce de la date de célébration de l’Aïd el-Fitr par l’Arabie saoudite sans une prise en compte des critères rigoureux requis pour l’observation du croissant, a fait réagir le Conseil théologique musulman de France (CTMF).
Samedi, l’Arabie saoudite a annoncé que l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne, allait débuter dimanche. « La Cour suprême a décidé que demain, dimanche 30 mars 2025, serait le premier jour de l’Aïd el-Fitr », a rapporté l’agence de presse saoudienne. Le pays s’est une fois de plus basé sur l’observation du croissant lunaire « sans tenir compte des critères rigoureux requis », alors que « certains sites d’observation étaient couverts de nuages, et les données scientifiques précises confirmaient l’impossibilité d’une telle vision », fait remarquer le théologien Mohamed Najah, membre du Conseil théologique musulman de France (CTMF) dans une tribune publiée par SaphirNews.
Selon ses explications, « l’âge du croissant était alors extrêmement jeune, n’ayant pas dépassé environ 4 heures et demie depuis la conjonction. Or, selon les références astronomiques fiables, le croissant lunaire ne peut être visible à l’œil nu qu’après 15 à 18 heures suivant la conjonction, et seulement après 8 à 12 heures au télescope. Et pourtant, de manière pour le moins miraculeuse, l’Arabie saoudite affirme l’avoir observé après seulement 4 heures », précise le dignitaire musulman.
À l’en croire, le Centre international d’astronomie « avait par ailleurs indiqué que cette observation était impossible, même à l’aide de caméras spécialisées (CCD/LCD). » « Chaque année, l’Arabie saoudite réitère ce type d’annonce sans tenir compte des critères rigoureux requis pour l’observation du croissant. Malheureusement, certains musulmans, attachés à l’obligation de la vision oculaire, prennent l’Arabie Saoudite comme référence en la matière, alors même que ses annonces ne reposent sur aucune base scientifique sérieuse. Ainsi, lorsque l’Arabie Saoudite annonce la vision, ces fidèles l’acceptent avec soulagement, fêtant dès le lendemain, alors que cette vision est non seulement erronée, mais sans fondement juridique et devrait être rejetée », déplore Najah.
À titre d’exemple, le théologien cite l’Égypte, voisine de l’Arabie saoudite, qui n’a rien observé et a déclaré lundi comme jour de l’Aïd. « Ce genre de comportement contribue malheureusement à discréditer les calculs astronomiques : les profanes accordent leur confiance à l’Arabie Saoudite et en viennent à penser que les spécialistes de l’astronomie mentent, puisqu’ils affirment que la vision est impossible alors que l’Arabie Saoudite prétend l’avoir réalisée. Ce raisonnement simpliste alimente la confusion », note-t-il, faisant savoir que bon nombre de savants ont depuis une dizaine d’années abandonné la méthode de la vision oculaire, lui préférant les calculs scientifiques fiables, à l’instar de son organisation musulmane dont il est membre.
L’Aïd a été célébrée selon les pays le 30 mars, le 31 mars ou le 1er avril. Est-ce un problème, une fitna ?
Absolument pas. On vous explique pourquoi. pic.twitter.com/2eIFUjSRBW— Al Kanz (@Alkanz) April 1, 2025