Sciences Po en soutien au peuple palestinien et la centaine de CRS pour réprimer les étudiant·es qui occupaient l’école

Lors d’une nouvelle mobilisation à Sciences Po en soutien au peuple palestinien, Luis Vassy, le directeur, a envoyé une centaine de CRS réprimer les étudiant·es qui occupaient l’école. Une méthode scandaleuse qu’il cherche à normaliser.

463 Palestiniens tués, plus d’un millier de blessés, après la nuit de l’horreur de lundi à mardi, les étudiant·es de Sciences Po ont organisé une nouvelle journée de mobilisation. Book club, exposition, atelier d’écriture, les étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine ont organisé des temps d’échange pour réaffirmer leur soutien au peuple palestinien, mais aussi à Mahmoud Khalil.

En début de soirée, une occupation a été décidée, pour prolonger la mobilisation et interpeller l’administration sur son silence assourdissant à l’égard du génocide toujours en cours. Les revendications des étudiant·es sont toujours les mêmes : la fin des partenariats avec les universités et entreprises complices du génocide, la condamnation d’Israël pour les crimes commis contre le peuple palestinien et la fin de la répression des étudiant·es solidaires. Et pour cause, au milieu de tout ça trois étudiant·es, syndiqué·es sont toujours exclu·es de l’école pour s’être mobilisé·es pour la Palestine.

Police partout, Vassy nulle part

Comme lors du mouvement social des travailleur·euse·s du nettoyage, Luis Vassy, le directeur de Sciences Po, fait son timide et s’enferme dans son bureau. « Timide » lorsqu’il s’agit de discuter avec les étudiant·es ou le personnel mais beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’appeler une douzaine de camions de CRS. Il aura mis moins d’une heure à donner l’ordre d’évacuer les occupant·es : « plus d’une centaine de policiers se sont dirigés vers le campus de St-Thomas. Lourdement équipés (lacrymos, casques, matraques et boucliers) ils ont peu après fait irruption dans l’établissement » relate les membres du comité Palestine dans leur post.

Dans sa stratégie offensive pour imposer un récit qui l’arrange, Vassy s’est empressé d’écrire à toutes les communautés de Sciences Po pour justifier l’entrée des forces de l’ordre dans l’école. Peu convaincant, il conclut avec sa chère « liberté d’expression, pleinement garantie à Sciences Po ». Cette même liberté d’expression qui rejette les motions étudiantes en conseils, celle qui recommande très fortement aux enseignant·es de ne pas s’exprimer sur le génocide, celle aussi qui engage quelques 50 mesures disciplinaires à l’encontre d’étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine. « Sciences po à la dérive… autoritaire », même France Culture le dit.

Après les mails, Luis Vassy a une autre arme : Pierre Catalan, 40 ans, toutes ses dents, surtout celles qui rayent le parquet. Un directeur de la vie étudiante qui veut plaire à Vassy donc. En poste depuis moins d’un an, il est déjà mis en cause par le comité éthique de Sciences Po pour avoir créé des faux comptes sur les réseaux sociaux pour pister les étudiant·es mobilisé·es. Adepte de l’intimidation, il menace les soutiens de la Palestine comme il a menacé les étudiant.es mobilisé.es pour la grève des agent·es d’entretien la semaine dernière.

Malgré ça, la mobilisation étudiante n’a pas faibli. Dès le lendemain, mercredi, plus d’une centaine d’élèves et professeur·es étaient rassemblé·es au 27 rue Saint-Guillaume pour manifester leur soutien à leurs camarades réprimé·es ainsi qu’au peuple palestinien.

« Et Luis Vassy c’est qui ? Le toutou de la macronie »

Un toutou de la macronie, qui n’hésite plus à envoyer ses chiens de garde contre les étudiant·es et les grévistes. Dans ce contexte ultra répressif à Sciences Po, plus que jamais, il est de la responsabilité des étudiant·es, des professeur·es, et de l’ensemble des travailleur·euses de l’école de redonner un nouveau souffle à la mobilisation, de s’organiser pour dénoncer la responsabilité de Sciences Po et de la France dans le génocide du peuple palestinien.

 

« Dans la continuité de sa politique de criminalisation systématique des étudiant.e.s mobilisé.e.s pour la Palestine, Luis Vassy, directeur de l’institution, a choisi de recourir à la répression en autorisant pour la troisième fois en deux ans l’entrée des forces de l’ordre sur le campus le 18 mars 2025, refusant depuis son arrivée tout dialogue avec les étudiant.e.s.

L’occupation, portée par un profond sentiment de solidarité avec le peuple palestinien, avait pour but de dénoncer la complicité persistante de l’institution dans le génocide perpétré par Israël et d’appeler à l’arrêt des partenariats de Sciences Po avec des universités et entreprises complices au génocide à Gaza, à l’occupation, ainsi qu’à des violations flagrante du droit international.

Ceci est d’autant plus d’actualité vu que la veille, Israël avait rompu le cessez-le-feu en massacrant plus de 400 Palestinien·ne·s à Gaza. Ce massacre s’inscrit dans une longue histoire de violence coloniale, d’occupation illégale et de violations systématiques des droits humains. Depuis des décennies, le peuple palestinien endure des bombardements, des déplacements forcés, et une oppression systémique qui ne cesse de s’intensifier. La rupture du cessez-le-feu n’est qu’un rappel brutal de l’impunité dont bénéficie Israël, soutenu par des puissances mondiales qui ferment les yeux sur ses crimes, dont notamment les États-Unis, où des étudiants comme Mahmoud Khalil sont persécuté·e·s pour leur engagement pour la libération de la Palestine. Son cas n’est pas isolé : des groupes étudiant·e·s comme la JVP (Jewish Voice for Peace) sont harcelé·e·s, diffamé·e·s, et menacé·e·s pour leur solidarité avec la Palestine. Ces actes de répression académique ne sont pas seulement une attaque contre la liberté d’expression ; ils sont une tentative de légitimer un système d’oppression en réduisant au silence celles et ceux qui osent le critiquer.

Cette répression ne se limite pas aux États-Unis. À Sciences Po, les étudiant·es qui occupent pacifiquement le campus de Saint Thomas sont confronté·es à une réponse violente et disproportionnée de l’administration.

Cette occupation a été précédé par une Agora, réunissant de nombreux étudiant·es pour échanger et s’informer sur la situation en Palestine et le rôle des institutions académiques dans l’apartheid israélien. Cet événement, qui s’est déroulé vers 17h dans le calme et sans aucune perturbation, a illustré une fois de plus que ces mobilisations sont des espaces de réflexion et de sensibilisation pacifiques. L’agora a débuté par une série de teach-ins organisés par des étudiant·es, offrant un espace d’éducation et de réflexion collective sur l’histoire de la Palestine. Ces teach-ins ont été suivis d’expositions artistiques pour la Palestine, ainsi que d’ateliers de peinture et d’écriture en soutien aux prisonniers palestiniens.

Suite à cet après-midi d’échange et d’action pacifique, aux alentours de 20h30, l’occupation du campus a été votée par les étudiants sur place. En réponse à une mobilisation pacifique, l’administration a fait appel à un dispositif policier massif et disproportionné : plus de 30 camions de CRS et de Police ont été déployés pour réprimer une action de solidarité. Puis vers 23h, une centaine de policiers se préparent à expulser de force les étudiant·es qui occupent pacifiquement leur campus pour exiger la rupture des partenariats de Sciences Po avec les universités israéliennes complices des crimes de guerre et du génocide en cours.

Les étudiant·es qui ont occupé le campus ont formulé des revendications claires : la rupture des partenariats de Sciences Po avec les universités israéliennes complices de violations du droit international, d’occupation et du génocide à Gaza. Ils et elles ont également exigé la fin de la répression des mouvements étudiants en solidarité avec la Palestine. En choisissant de réprimer ces revendications légitimes plutôt que d’y répondre, Sciences Po se rend complice de ce système d’oppression et trahit les valeurs de justice et de liberté qu’elle prétend défendre.

Nous réaffirmons notre engagement en faveur de la liberté d’expression et contre la répression systématique des voix pro-palestiniennes, et exigeons justice, dignité et liberté pour le peuple palestinien. »

Sciences PO Paris. Communiqué du 19 mars