Trois étudiant·es de Sciences Po ont été exclu·es pour 30 jours de l’établissement

A la veille des vacances scolaires, trois étudiant·es de Sciences Po – dont la présidente de l’Union étudiante de Sciences Po – ont été exclu·es pour 30 jours de l’établissement. Leur tort ? Avoir participé aux mobilisations en soutien au peuple palestinien. Ces sanctions scandaleuses témoignent de l’intensification de la gestion répressive de l’École sous la nouvelle présidence de Luis Vassy.

Trois étudiant·es – dont la présidente de l’Union étudiante de Sciences Po – sont exclu·es de l’Ecole pour avoir participé à une mobilisation en soutien à la Palestine. En cause, un rassemblement qui s’est tenu deux semaines auparavant devant le Conseil de l’Institut, à un appel de l’intersyndicale locale, pour réclamer la reconnaissance du génocide en Palestine, la fin de la répression des étudiant·es mobilisé·es, ainsi que la rupture des partenariats avec les universités israéliennes complices du génocide. Cette mobilisation pacifique avait pour but, selon un des étudiant·es présent·es ce jour-là : « de maintenir l’idée qu’aucun retour au cours ordinaire de la vie étudiante ne serait possible tant que des gens continueront de se faire bombarder à Gaza »

Alors que le directeur de la vie étudiante avait affirmé qu’aucune sanction ne serait prise à l’encontre des étudiant·es mobilisé·es, trois d’entre eux ont été convoqué.es dans les bureaux de l’administration le jour même. Aux motifs de garantie du « bon ordre » et de la « sûreté de l’établissement », ils ont été informé·es qu’une exclusion temporaire avec « interdiction d’accès aux locaux et aux enceintes de l’École » leur parviendrait prochainement par mail.

La gravité des sanctions, touchant notamment la représentante d’une organisation syndicale, acte un saut inédit dans la gestion répressive de l’établissement. La modalité même des exclusions en témoigne, puisque celles-ci ont été promulguées à partir du détournement d’un outil initialement mis en place pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. En cinq mois, on recense pas moins de 40 utilisations de ce dispositif disciplinaire à l’encontre d’étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine.

La « doctrine » Vassy

L’arrivée de Luis Vassy à la tête de l’école en octobre dernier marque un tournant dans la vie de Sciences Po. Entre remarques déplacées, menaces contre les étudiant·es, réduction du temps de parole des syndicats et imposition de projets sans concertations, le nouveau président veut mettre l’École au pas.

Cette politique autoritaire a pour cible centrale, la mobilisation de solidarité avec la Palestine. Dès le premier mois de la prise de fonction du nouveau président, quatre étudiant·es pro palestiniens ont fait l’objet d’une exclusion. Les espaces de débats ont eux aussi été largement visés en témoigne l’interdiction d’une conférence de l’euro-députée franco-palestinienne Rima Hassan – pourtant autorisée par le Conseil d’État – en novembre dernier. Plus récemment, l’administration a décidé de poursuivre cette politique en interdisant la traditionnelle minute de silence qui réunissait tous les jeudis les soutiens aux victimes du génocide.

Cette accentuation de la répression au sein de l’École ne passe pas auprès des étudiant·es et des personnel·les de Sciences Po. La commission de déontologie de l’École a notamment été forcée d’ouvrir une enquête contre le directeur de la vie étudiante suspecté d’espionner les comptes instagram d’élèves dans le but d’identifier des soutiens au peuple palestinien.

Cette répression méthodique vise à renouveler la façade de l’École. Luis Vassy, ancien camarade de promotion et ami personnel d’Emmanuel Macron, a en effet mis au point ce qu’il appelle une nouvelle « doctrine » pour Science Po., celle-ci prône une position de neutralité sur les questions internationales. Visant avant tout à rassurer les donateurs et les entreprises qui financent l’université, parmi lesquels la multinationale d’assurance Axa et l’entreprise Carrefour, deux entités qui continuent d’investir dans la colonisation en Cisjordanie), cette « doctrine » représente l’hypocrisie d’une institution qui cible les étudiant·es pro-palestiniens en laissant libre cours à l’implantation de l’extrême-droite au coeur de l’École.

Cette nouvelle doctrine vise à faire taire la mobilisation pro-palestinienne. Luis Vassy entend l’imposer à l’entrée même de l’école en amplifiant la sélection méritocratique. Dans une interview accordée au journal Les Échos, Luis Vassy ne s’en cache pas en résumant la nouvelle orientation en ces termes : « nous recrutons les plus compétents et non plus les plus militants ».

Ce n’est donc pas un hasard si cette sanction frappe des étudiant·es mobilisé.es pour la Palestine, des syndicalistes étudiant·es ou des militant·es politiques. Au lendemain de l’ajournement de la libération de George Ibrahim Abdallah et de l’annonce de la dissolution du collectif Palestine vaincra !, Luis Vassy décide d’actualiser à l’échelle de Sciences Po la politique autoritaire de l’État français. Face à une administration radicalisée, la riposte s’organise déjà pour la rentrée à travers un appel à la mobilisation conjointe entre les travailleur·euses et les étudiant·es ciblé·es par les méthodes autoritaires de l’École. Il faut organiser un front le plus large possible et exiger la réintégration immédiate des trois étudiant·es, l’arrêt de la répression et réaffirmer plus que jamais le droit à se mobiliser pour la Palestine mais également à militer dans des organisations syndicales et politiques.

Le Poing Levé Sciences Po